lundi 17 février 2020

De leurs réalités à la Réalité:


Cela fait cinq ans que je n'ai pas écrit ici, et, le temps passant, la petite étudiante insouciante d'une vingtaine d'années est devenue une trentenaire bien installée dans sa vie active. 

 Mes préoccupations de l'époque me semblent tellement futiles aujourd'hui à tel point que lorsque je relis mes anciens articles, j'ai clairement l'impression d'être une autre personne. Parfois j'aimerai retrouver l'insouciance que j'avais à cette époque, mais ça doit être ça, ce que l'on appelle grandir, murir, gagner en maturité, prendre conscience des réalités du monde et des gens qui nous entourent, mais aussi, de la société dans laquelle nous évoluons. 

Je garde les mêmes rêves et les mêmes aspirations que plus jeune, cependant, j'évalue différemment leur réalisation ou leur faisabilité. Car si il y a une chose que je n'avais pas pris en compte plus jeune, c'est que mes opportunités et mes possibilités ne sont pas identiques à celles des autres. Je savais que cela existait, mais je pensais que cela ne me concernait pas et que ça ne me concernerai jamais car j'ai toujours baigné dans le même milieu et donc il n'y avait aucune raison pour je me considère différente ou que l'on me considère différemment de gens que j'ai toujours côtoyés.

Que nenni! Je suis différente et prendre réellement conscience de cette différence m'a conduite à apprendre à vivre dans un autre monde. Un monde dans lequel se superposent/cohabitent différentes réalités…

Dans une première réalité, je n'ai pas les compétences, je n'ai pas capacités attendues, j'ai des difficultés d'élocution, de compréhension et d'intégration, je n'ai pas les codes, je peine à me mettre au travail et de toute façon je ne tiendrai pas plus deux semaines. 
Dans une deuxième réalité, je suis investie, je travaille dure, sans compter mes heures pour réussir ce que j'entreprends, je suis avenante, je m'exprime correctement, je sais me tenir en société et je fais le job correctement et jusqu'au bout.
Dans une troisième réalité, si j'arrive à faire quelque chose correctement, c'est un mensonge jusqu'à ce que j'apporte la preuve du contraire. Lorsqu'il est prouvé que je sais vraiment faire, alors, cela s'explique parce que ce qui m'est demandé est simple. Car si je sais faire, pas besoin de diplôme, de compétences, de talent ou de savoir faire, tous le monde peut le faire.

Ceci est le monde avec lequel j'ai composé, tous les jours, pendant plusieurs années…

Un monde dans lequel j'avais peur que l'échec me conduise à vivre dans la première réalité. Un monde dans lequel, j'avais appris à cacher mes réussites de peur d'avoir à subir la troisième réalité. Un monde dans lequel l'anxiété, le doute et la perte de confiance en soi étaient mes amis du quotidien, et cela, malgré un travail acharné et une carrière sans fausses notes. Un monde dans lequel la deuxième réalité me semblait inexistante mais pourtant bien réelle.

J'ai du apprendre à vivre dans ce monde…

 En occultant les réalités des un.e.s et des autres afin de laisser émerger la Réalité, celle ou je sais ce que je vaut, ou je sais que je n'ai rien à prouver à personne, ou ce qui compte en premier ce sont mes attentes et non pas ce que les gens attendent de moi et surtout, cette Réalité ou dans mon domaine (maintenant, je le sais) j'excelle.


Souvent, je regrette l'insouciance de mes vingt ans et le petit paradis paisible dans lequel je vivais…  
  
Et toi, il est comment ton monde?